Présentation de l’auteur

Otto Dix est un peintre allemand du XXe. Il est né en 1891 à Untermbaus et est mort en 1969 à Singuen.

Dix s’est engagé en 1914 dans une compagnie de mitrailleurs. « Il fallait que je vive ça. Je le voulais… il faut que je vois tout de mes propres yeux… ».  Il a combattu pour l’Allemagne lors de la 1ere Guerre Mondiale en France et en Russie. Il reste très marqué par la  guerre. Peindre lui sert de thérapie. Il souhaite montrer toute l’horreur de la guerre à travers ses oeuvres. Il réalise environ 600 dessins, gouaches, aquarelles qui sont comme des notes, prises sur le vif ou à l’occasion d’un souvenir qui ressurgit,  A cela s’ajoutent des œuvres mûrement travaillées : des toiles comme La tranchée, une série de 50 eaux fortes intitulées Der Krieg (la guerre), d’autres toiles représentant le monde dérisoire des mutilés : les Mutilés de la guerre, Mutilés jouant aux cartes, le Marchand d’allumettes, Pragerstrasse

Mouvements de pensée

Il est inspiré par le futurisme et l’expressionnisme, deux mouvements artistiques. Il participa au mouvement Dada.

Un tableau expressionniste: Le cri de Munch. 1893 Un tableau futuristeVol d’une hirondelle, de Giacomo Balla, 1913 .

Description de l’oeuvre

– Les personnages

Trois  personnages sont assis autour d’une table, jouant au skat, un jeu de cartes allemand. Les trois hommes ont fait la guerre, et en gardent de nombreuses séquelles, telles que des membres en moins remplacés par des prothèses en bois. Ces visages portant de lourdes séquelles ont un nom: « Les gueules cassées »

Deux d’entre eux ont de fausses machoires en métal (dont l’une porte l’inscription « Prothese Marke: Dix, ce qui peut signifier qu’Otto Dix s’identifie au personnage), l’un n’a plus d’oeil et son visage est déformé du fait qu’il lui manque un bout de chair.

Le personnage de droite porte le croix de fer allemande sur son vêtement. C’est une décoration qui récompense la bravoure des soldats. On peut donc supposer qu’il n’est pas antimilitariste mais plutôt fier d’avoir combattu.

 Le personnage vu de face n’a plus de peau autour du cou, tandis que son voisin possède un tube sortant de sous son oreille manquante, sorte d’appareil auditif.

On perçoit nettement des décorations (femme nue ?) sur le crâne scalpé du soldat. Le tout devant les journaux Allemands faisant référence au conflit.

– Les couleurs

La pièce est plutôt sombre. Sur le sol, le marron va en se dégradant et finit par se confondre dans le noir. Les cartes à l’inverse sont blanches, très claires. Les couleurs assez claires des personnages les mettent en valeur. Cette technique est celle du clair obscur déjà utilisé par Caravage ou La Tour par exemple..


– L’impression générale

La scène est très en désordre, des membres tels que des bras ou des jambes sont dans tous les sens, comme si les personnages étaient désarticulés. Il n’y a pas de valides dans le tableau. Nos anciens combattants semblent coupé du monde

– Les détails:

Le sexe du joueur de droite est apparent (perte de dignité ?)

Un joueur à deux cartes identiques (on peut être mutilé et garder sa personnalité).

Importance de l’oeuvre

Ce tableau nous montre les horreurs de la guerre. En effet, les personnages sont tous blessés, ils ont des prothèses à la place des machoires, des jambes etc … Pourtant, ils sourient. La guerre retire toute humanité aux combattants. Ces hommes sont coupés du monde.  Ils sont exclus de la société car ils font peur.

Le peintre s’attache ici à représenter la déshumanisation des corps et la bestialité de la mort : « La guerre, c’est le retour à l’animalité : la faim, les poux, la boue, ce bruit infernal… En regardant les tableaux d’autrefois, j’ai eu l’impression qu’on avait oublié un aspect de la réalité : la laideur », indiquait Dix. Il insiste tout particulièrement sur les visages et sur les mains des morts qui révèlent au mieux, l’expression de la souffrance des corps devant la mort.

 

Cette toile est une dénonciation de la guerre dont on voit ici les séquelles sur deux mutilés, un mendiant et un bourgeois, et un regard sur l’Allemagne des années 20.

L’image du mutilé, privé à jamais d’une vie normale, souvent horriblement défiguré, était alors utilisée par les revues pacifistes qui publiaient régulièrement des photos insoutenables de visages ou de corps ayant perdu presque toute apparence humaine.

Dans un style proche de la caricature, Dix reprend le même argument contre la guerre mais là aussi le dépasse. En même temps, il renvoie aux Allemands le reflet de leur époque. Une époque d’après-guerre où, dans les vitrines de la rue la plus animée de Dresde, se mêlent accessoires de modes de prothèses ; sur les trottoirs, les mutilés mendient ou vont fièrement sur leur chariot de fortune alors que le monde des biens portants, au dessus d’eux, les ignore. Une époque où l’extrême droite menace avec son refus de la démocratie et son anti-sémitisme étalés dans les tracts qui précèdent les élections de juin 1920.

 Otto_Dix_les_joueurs_de_skat_1920

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